Pourquoi (ou pour quoi) joue-t-on ?

Jouer ? Mais pourquoi ?

Pourquoi joue-t-on ?
La question est devenue un gag-leitmotiv à L’En-Jeux. Peut-être parce qu’il faudrait justifier un plaisir non « rentable » dans ce monde « libéral » qui libère de moins en moins ?
Tentons un début de réponse sur un pari : je joue, parce que je le vaux bien !
A quoi ça « sert » de jouer ?
Peut-être à rien, justement, et que nous avons de plus en plus besoin d’actes gratuits, sans devoir être performants sous peine de déchoir.
Une soif de retrouver ce plaisir enfantin qui rend la vie plus facile en y ajoutant du rêve, de la créativité, tout en apprenant à se connaître et à découvrir les autres.
Le jeu de société permettrait-il de faire société ?
La bonne question n’est peut-être pas « POURQUOI jouer ? », mais « POUR QUOI jouer ? » !

Le jeu de société pour…

Revenir dans la vie réelle avec plus de légèreté – pas d’enjeu vital tel que gagner de l’argent, garder son job, satisfaire les autres…
Mais aussi, apprendre la patience, le partage, le dépassement de soi, le respect des autres et des règles, savoir gagner (pour ceux qui se dévalorisent ou ont peur d’être sous les projecteurs)… ou perdre (pour ceux qui craignent la dévalorisation). Donc avoir du recul sur son image. Jouer donne la possibilité d’améliorer son estime de soi. Gagnant ou non, il est toujours possible de réussir quelque chose, fut-ce de savoir perdre.

Il n’y a pas d’échec, mais des occasions d’apprentissage.

Il nous fait goûter à la coopération, nous pousse à l’audace à prendre des risques.
Et last but not least, jouer apprend à survivre à la frustration. Ce qui devient indispensable dans cette société du fast, où l’on est speed et où le marketing nous incite à l’impulsif – vous pouvez avoir ça, parce que vous le valez bien !

Un bon jeu ?

La plupart des jeux trouvent leur ressort, qui peut leur donner un côté addictif, dans un bon dosage de la frustration. Cette fois, je sens que je peux y arriver… Ah, j’y étais presque… Rhhhâââ, ce dé qui ne roule pas… Zut, il me manque juste… Bigre, je me fais avoir… Fichtre, je ne l’avais pas vu celui-là… Sapristi, c’est maintenant qu’il se montre ?!… Saperlipopette, rudement coriaces ces zombies !

Bruno Cathala, serial gamemaker français*, suppose qu’un bon jeu est un jeu qui a un goût de revenez-y procuré par une juste frustration qui entraîne à effectuer des choix, une dose de tentation qui pousse à prendre un risque et une satisfaction d’avoir accompli quelque chose à même de renforcer notre propre estime.
C’est un peu technique et sans doute bien vu. Mais on pourrait aussi simplement parler de plaisir et d’émotions.

*Auteur ou Co-auteur d’entre autres succès commerciaux : Abyss, Five Tribes, Raptor, Fourberies, Noé, Sobek, Cyclades, Jamaïca, Mr. Jack, Les Chevaliers de la Table Ronde.

Des racines et des ailes ?

Jouer donne des souvenirs communs, des émotions et tisse du lien.
Jouer nous amène à nous questionner sur notre patience, notre faculté à communiquer, l’idée qu’on a de soi et de l’autre, sur notre façon d’être « en société ».
Ces jeux qui se font en société font la Société.
Ils répondent à un besoin d’égalité, tout le monde peut jouer, de liberté car il n’est pas obligé de jouer, c’est sans enjeu.
Et la convivialité qu’il génère nous fait toucher à la fraternité. De belles valeurs qui deviennent alors des expériences vivantes.

Jouer est une façon agréable de se sentir humain parmi les humains.

Le jeu, c’est la santé

Mais les jeux sont aussi un entraînement efficace contre la sclérose neuronale avec le travail sur la mémoire, les associations, les combinaisons, l’anticipation, la déduction ou la langue (avec les jeux sur le vocabulaire ou les mots), l’appréciation spatiale (jeux de puzzle, d’adresse, de pose de tuiles ou d’estimation des distances avec Les Dragons du Mekong / River Dragons, d’apprendre à trier avec l’ordre des cartes et à évaluer des probabilités…).

Ils sont utiles pour apprendre ou rafraîchir ses connaissances (en géographie avec Les Aventuriers du Rail, en histoire avec Chrono Cards / Timeline événements ou 7 Wonders, en culture générale avec tous les jeux dans la lignée du « vénérable » mais un peu ancien Trivial Pursuit), se décoincer la fibre imaginative quand on doit incarner un personnage, qu’on anime des figurines (les Jeux de Rôles, Zombicide, Les Chevaliers de la Table Ronde) ou qu’on a à inventer une histoire (Story Cubes, Crimebox), s’acclimater avec la gestion ou l’économie (Catane, Agricola et beaucoup de jeux dits « à l’allemande » etc.)
On y acquière sans risque souplesse d’esprit, sens de l’observation, adaptabilité, un savoir-communiquer, esprit d’équipe et discipline – grâce aux règles.
Bref, une école de la vie.
Les enfants, jusqu’à ce qu’on en fasse de sages petites personnes « raisonnables », apprennent en jouant, naturellement.

Jouer est une expérience et donne de l’expérience.
A ce propos, une petite parenthèse scientifique pour rappeler, et on a pu le vérifier grâce à l’imagerie médicale, que les mêmes aires cérébrales sont activées que l’on vive « en vrai » une expérience ou que l’on s’imagine la vivre.

On joue tout entier

Le déluge des applications du monde numérique virtuel, nous font oublier trop souvent que nous sommes chacun(e) un corps. Les jeux de plateau se jouent avec les mains, avec le corps et pas seulement lorsqu’il faut mimer ou bouger (Times Up!, Tokyo Train, Rythmes and Bullets…)
C’est tactile. On fait rouler des dés, on tient des cartes, on manipule des pions, des figurines et divers autres éléments (avec par exemple Dr Eureka) – les joueurs d’échecs « poussent du bois » -, on place des tuiles etc.
Le jeu (pas vidéo) est par nature sensuel et donne une bouffée d’oxygène à notre cerveau qui s’est développé avec les sens, par l’usage de notre corps.

Des jeux pour tous les goûts, tous les nombres, tous les budgets

Selon ce qu’on aime, il existe des jeux pour :
retrouver un thème : les pirates, le Far West, le « milieu » et les trafics, la cuisine, l’époque médiévale, la Science Fiction ou le Fantastique (Fantasy), les zombies et autres plus ou moins pas tout à fait morts, l’épouvante, l’agriculture, l’expansion immobilière, les animaux, les îles et l’exotisme, les civilisations et l’antiquité, mythologies et légendes, l’Orient, les samouraïs ou les ninjas, la préhistoire ou les dinosaures, le polar et les enquêtes, l’aventure et la fortune, l’art ou le sport…
développer sa petite affaire dans son coin, éprouver la satisfaction d’avoir réalisé un parcours optimal sans avoir dû le faire au détriment d’un autre, parce qu’on n’aime pas l’agressivité, l’affrontement, qui nous fera choisir des jeux plus posés de construction-développement (Agricola, 7 Wonders, Isle of Skye, Karuba)
titiller ses copains, leur mentir, les rouler dans la farine, les écrabouiller et se réjouir de leur mine déconfite (après tout, ils l’ont bien cherché, vu que dans la partie précédente…) ; on préférera des jeux avec beaucoup d’interaction voire de la « baston » (King of Tokyo, Magic the Gathering, Marrakech, Love Letters, Mémoire 44)
communiquer, se concerter… Sus aux coopératifs (ou semi-coopératifs ou coopératifs en équipes ou collaboratifs) tels que Concept, Les Chevaliers de la Table Ronde, Zombicide, CodeNames, Hanabi, La Chasse aux Monstres
• satisfaire son âme de bâtisseur, si l’on est séduit par l’expansion immobilière ou l’extension de territoire : Quadropolis, Medina, Minivilles, Taluva, Carcassonne, Catane, Les Bâtisseurs… combleront vos attentes.

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Des jeux, des jeux, des jeux !

Oubliez Les Petits Chevaux, le Monopoly, ou le Risk !
Pléthore de jeux – des centaines de nouveautés en boutique chaque année – pour moult critères promettent des expériences multiples susceptibles de combler les goûts les plus éclectiques.
Nombre de boutiques en ligne vous proposent des moteurs de recherche sophistiqués. Et vous pouvez y sélectionner des jeux selon votre budget, l’âge, le type et le nombre de joueurs, la durée moyenne des parties, l’univers de référence…
Le mieux : vous faire conseiller par un spécialiste et tester.
L’occasion, par exemple, de rencontrer les amateurs passionnés de L’En-Jeux ?
En outre, Sylvain, un sympathique mordu dans sa jolie boutique de « L’Amuserie » sur Léguevin, se fera un plaisir de vous éclairer.

Alors… On joue ?

Selon que vous souhaitiez…
• Un jeu coopératif d’affrontement, d’exploration de donjon, avec des lancers de dés acrobatiques qui amène ambiance, rires et suspense ? Dungeon Fighter sera votre Graal !
• Un gentil jeu, mignon, familial, avec un peu de hasard, des objectifs, de l’opportunisme et un panda gourmand ? Takenoko ravira petits et grands !
• Un jeu où vous vous torturerez les méninges à trouver des points communs entre différents mots, en coopération par équipes sur une même sélection de mots avec le risque de faire gagner l’adversaire ? CodeNames sera votre supplice préféré.
• Un mélange entre l’onirique Dixit aux illustrations fabuleuses ET le Cluedo de vos jeunes années, MAIS en coopératif ? Tentez donc Mysterium… ou CS Files pour des parties courtes en semi-coopératif (un meurtrier caché tente de brouiller les pistes)
• A moins que le kilt et les boissons fortes maltées ne vous inspirent pour commercer avec subtilité entre les barriques, les moutons et les optimisations combinatoires par des poses de tuiles façon Carcassonne – je sais, c’est confus, mais le jeu peu le sembler à première vue, signe d’une profondeur stratégique rafraîchissante – Isle of Skye deviendra votre clan !
• Si vous aimez jouer un rôle, la tchatche, le bluff, la déduction… et les mafieux – sans être nécessairement candidat à une quelconque élection politique – tentez un jeu dont l’auteur est un régional : Mafia de Cuba. Suspense et sueurs froides garanties.
• Le frisson et les ambiances glauques sont votre trip ? Selon votre âge, vous opterez pour La Chasse aux Monstres (à partir de 3 ans), Zombicide (jeu coopératif avec figurines pour plus de 13 ans), ou plongerez dans le monde poisseux des Grands Anciens dévoilé, il y a un siècle déjà, par Howard Philips Lovecraft et son poulpoïde préféré, Cthulhu, accommodé à toutes les sauces désormais (Pandemic : le règne de Cthulhu, Cthulhu Realms, Horreur à Arkham, Les Demeures de l’épouvante, Pocket Madness…)
• Enfin, si vous n’aimez pas « jouer », mais n’êtes pas contre le défi de trouver avant les autres la solution d’une devinette, un indice caché ou tenter de faire deviner ? Votre bonheur se trouvera sans doute dans Set (observation), Dobble ou Jungle Speed (observation + rapidité), Imagine ou Concept (devinettes par indices ou animation de pictogrammes) ou Yesss! (observation + association + mot… d’un auteur régional aussi).
Il y en a pour toutes et tous.

La période des distributions de cadeaux au pied de conifères scintillants s’approchant,
je vous convie sur ce même site à poursuivre notre investigation avec plus de précision
à travers mes sélections dans les jours à venir…

Pourquoi (ou pour quoi) joue-t-on ?
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